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Chuter, puis se relever : anatomie d’une renaissance ordinaire

La chute n’est pas un verdict, c’est un passage. Qu’elle survienne après une rupture, une erreur de jugement ou une carrière qui cale, elle met à l’épreuve nos explications sur nous-mêmes. S’en relever suppose moins du panache que de la méthode : revisiter ses croyances, mobiliser l’entourage, ritualiser des gestes simples qui transforment la douleur en apprentissage, puis en cap à tenir.

Les faits : ce que la chute oblige à regarder en face

Une chute ne dit pas seulement “tu as raté” ; elle pose trois questions sobres : qu’est-ce qui s’est vraiment passé ? qu’est-ce qui m’a manqué ? à quoi dois-je renoncer pour avancer ? Répondre exige de quitter le récit héroïque (où l’on triomphe toujours) comme le récit fataliste (où l’on subit toujours). La résilience commence par l’état des lieux : distinguer la part des circonstances (un contexte, des décisions d’autrui) de la part controllable (mes gestes, mes omissions, mes biais). Cette clarification, menée à froid, évite le piège du grand projet de revanche et ouvre la voie à des micro-ajustements : sommeil, alimentation, rythmes, une conversation qu’on remettait, un courrier qu’on n’osait pas envoyer. Elle installe l’idée qu’on remonte par des pas ordinaires, pas par un coup d’éclat. À ce stade, l’entourage pèse : présence sobre d’un proche, regard professionnel d’un psychologue, appui structurant d’un coach — non pour prescrire, mais pour tenir le fil quand l’énergie vacille.

Regards croisés : guérir ce qui fait mal, activer ce qui fait tenir

Le travail thérapeutique traite l’arrière-plan : croyances ancrées, schémas de dévalorisation, répétitions qui sabotent. Il réhabilite des émotions qu’on voulait taire, redonne des mots à ce qui blessait. Le travail d’accompagnement, lui, structure l’avant-plan : objectifs modestes, gestes concrets, engagements tenables, avec cette idée simple : l’action régule l’émotion autant qu’elle en procède. Les deux se complètent. L’un empêche de coller un pansement sur une fracture ; l’autre empêche de tourner sans fin autour de la fracture. De là, quelques principes pratiques se dégagent : petites victoires visibles (pour restaurer l’auto-efficacité), cadre social soutenant (on n’avance pas seul), langage précis (nommer ce qui se joue plutôt que le dramatiser). La résilience n’est pas un caractère, c’est un agencement : des personnes, des mots, des jalons, des preuves qu’on peut de nouveau se faire confiance.

Une grammaire de la reprise : cinq rituels sobres

1. Le “pré-mortem” personnel. Imaginez que votre prochaine tentative ait échoué ; listez à l’avance les raisons plausibles. Ce renversement calme l’optimisme flou, éclaire les risques gérables (compétence à renforcer, marge de temps, allié à trouver).
2. Le journal des faits. Chaque soir, trois lignes : un fait, un ressenti, une micro-preuve d’avancée (un appel passé, un CV envoyé, une promenade faite). On quitte l’autoflagellation pour la traçabilité.
3. L’hygiène des influences. Pendant un mois, réduisez d’un tiers l’exposition aux flux anxiogènes, remplacez par une source “contrariante” et une source “nourrissante” (un essai, une voix qui pense différemment, un classique). L’objectif n’est pas de s’isoler mais d’aérer.
4. Le réseau 3-2-1. Trois pairs qui vivent un enjeu proche (on se comprend vite), deux personnes plus avancées (repères, mises en garde), un professionnel (cadre, méthode). Ce triangle limite l’isolement et les conseils hasardeux.
5. Le prochain jalon daté. Toujours une prochaine étape sur agenda : entretien, point thérapeutique, séance de coaching, maquette à livrer. Rien n’est plus décourageant qu’un futur en suspension ; rien n’est plus tonique qu’un rendez-vous pris.

Ce que la science nous rappelle (et que l’expérience confirme)

On se remet d’autant mieux qu’on réévalue l’événement : il n’est ni un signe cosmique contre nous ni une identité définitive. Les travaux sur l’auto-efficacité montrent qu’un objectif borné, atteint et constaté, agit comme un multiplicateur d’énergie. La pleine conscience, dépouillée de folklore, aide à désaimanter des pensées intrusives ; la gratitude (noter une chose juste par jour) n’efface rien, mais rééquilibre l’attention. Enfin, la croissance post-traumatique n’est pas un mot creux : elle décrit l’approfondissement qui suit parfois une épreuve — valeur mieux hiérarchisée, relations triées, courage plus net. À condition de ne pas l’exiger trop tôt : on ne “rentabilise” pas une douleur, on apprend à la traverser pour qu’elle cesse de commander.

Éthique d’une remontée : dignité, mesure, durée

Renaître ne consiste pas à afficher une invulnérabilité neuve ni à promettre qu’“on a tout compris”. Cela ressemble davantage à une tenue : dire ce qui est dicible, taire ce qui a besoin de temps, refuser l’emballement et l’exhibition. La dignité n’est pas le masque de la fierté ; c’est l’attention à soi et aux autres quand on se refait. On s’autorise des appuis, on rend grâce — sobrement — à ceux qui ont tenu la lampe. On n’idéalise pas sa chute, on répare ce qu’elle a cassé quand on le peut, et l’on s’excuse quand on a heurté. Le reste est affaire de patience : consolider une routine, surveiller les récidives (ces vieux réflexes qui reviennent par temps de fatigue), célébrer les étapes discrètes : dormir sans se réveiller, rire sans arrière-pensée, projeter à nouveau. La renaissance n’est pas spectaculaire ; elle est habitable.


En bref. La chute n’est ni honte ni gloire. Elle décante. Avec un double regard — soigner le passé, structurer l’avenir —, quelques rituels tenables et la fréquentation d’autrui, elle devient ce qu’elle peut être de mieux : la promesse d’un style de vie plus juste. Reprendre pied ne se voit pas toujours sur les réseaux ; cela se ressent dans la manière de marcher, de parler, d’écouter. Et c’est très bien ainsi.

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