Coaching PACTE

Estime de soi et confiance en soi : deux boussoles, un même horizon

Souvent confondues, l’estime de soi et la confiance en soi n’éclairent pas le même versant de notre vie psychique. La première touche au jugement de valeur que l’on porte sur soi ; la seconde à la croyance que l’on peut agir dans une situation donnée. À l’heure où la question traverse l’école, le travail et la santé mentale, distinguer ces notions n’est plus un luxe lexical : c’est une manière d’y voir clair.


Deux notions sœurs, mais non jumelles

Dans la littérature francophone contemporaine, l’estime de soi est décrite comme l’évaluation — parfois sévère, parfois généreuse — de sa propre valeur, nourrie par ses valeurs, ses expériences et ses relations. C’est un socle relativement stable, qui peut fluctuer sans pour autant se renier. La confiance en soi, elle, varie au gré des contextes et des compétences mobilisées : on peut être assuré en négociation, mal à l’aise au micro ; intrépide en montagne, prudent en réunion. Les deux se répondent, sans se confondre : la première donne la licence d’essayer, la seconde la permission d’oser dans un cadre précis. Cette distinction, familière des cliniciens et coachs, irrigue les textes de vulgarisation sérieux : l’estime comme regard global sur soi, la confiance comme croyance opérationnelle.

Pourquoi la confusion persiste

L’usage courant brouille les cartes. La culture de la performance tend à mesurer l’être à l’aune du faire : bons résultats, bonne personne ; revers, mauvaise personne. Or, l’estime de soi résiste — en principe — à ce raccourci. Elle n’absout pas l’erreur ; elle refuse l’équation “échec = indignité”. À l’inverse, la confiance, parce qu’elle s’appuie sur des preuves vécues, grimpe après un succès et vacille après un revers. D’où la tentation de traiter l’une par les recettes de l’autre : demander des “exploits” pour réparer une blessure d’estime, ou se promettre d’“aimer enfin qui l’on est” pour monter sur scène demain matin. Les praticiens rappellent cette hygiène conceptuelle élémentaire : ne pas confier au performatif la mission du fondamental, ni l’inverse.

Une question traversante : école, travail, santé

Depuis la pandémie, l’univers scolaire et universitaire multiplie les ateliers consacrés à l’estime de soi et à la gestion des émotions. Le constat est massif : une confiance fragilisée entrave l’apprentissage autant qu’elle dissuade de tenter. La presse générale s’en est fait l’écho, chiffres à l’appui, signalant une crise de confiance chez les jeunes et l’émergence de formats collectifs pour y répondre (psychoéducation, relaxation, travail sur les croyances). L’attention portée à ces dispositifs traduit une intuition partagée : sans confiance, l’effort cognitif coûte trop cher ; sans estime, la réussite n’apaise pas.

Au travail, le sujet ressurgit sous d’autres noms : image professionnelle, sentiment d’efficacité, droit à l’essai. Derrière les injonctions à “prendre la parole” ou “oser la décision”, la même mécanique : quand l’évaluation globale de soi est malmenée (comparaisons constantes, feed-back dépréciatifs), la confiance, même locale et méritée, s’érode. À l’inverse, un cadre qui distingue la valeur de la personne et l’évaluation d’un acte rend possibles des prises de risque raisonnables.

Le rôle des relations : miroirs, loupe et contrepoids

La psychologie relationnelle l’observe depuis longtemps : nos proches, nos collègues, nos institutions modulent nos deux boussoles — parfois en les confondant, parfois en les réparant. Les textes de référence rappellent que les interactions respectueuses, la clarté des attentes et des rituels de retour (on critique un geste, jamais une personne) constituent des garde-fous puissants. À l’inverse, la répétition de micro-dépréciations, d’ironie ou d’assignations (“tu n’es pas fait pour ça”) sédimente une basse estime dont on ne sort pas par sommation de “confiance”. L’écosystème compte : on se tient droit plus facilement dans une pièce qui ne penche pas.

Un point d’équilibre : la réciprocité discrète

Les praticiens résument souvent la dynamique par un schéma simple. L’estime répond à la question : “Suis-je valable même quand je rate ?” La confiance répond à : “Suis-je capable de faire face, ici et maintenant ?” La première autorise l’essai, la seconde récompense l’essai abouti. Entre les deux circule un courant discret : à mesure que l’on agit (même petit), la confiance alimente l’estime ; à mesure que l’estime se consolide, la confiance s’essaie plus volontiers. Les ressources de santé et de pédagogie l’énoncent sans lyrisme : la confiance peut être vue comme une composante active de l’estime, à condition de ne pas prétendre s’y substituer.

L’angle mort des discours volontaristes

Reste un malentendu : la promesse qu’“il suffirait de se faire confiance” pour résoudre l’équation. Elle oublie un élément trivial : les conditions de possibilité. Les sources sérieuses le martèlent, chacune à leur manière : la stabilité somatique (sommeil, stress), la qualité des attachements, la sécurité sociale et professionnelle pèsent sur ces deux indicateurs intimes. L’estime, comme la confiance, ne relèvent pas uniquement de l’effort moral ; elles se nourrissent d’un monde commun qui n’humilie pas. Dans ce sens, la prolifération d’articles de santé publique sur l’image de soi, la charge émotionnelle ou l’hypersensibilité dit l’époque autant que le sujet : nous cherchons un plancher pour habiter le réel. Livi+1

Une grammaire sobre pour des temps agités

Faut-il, pour autant, renoncer à dire quelque chose d’opératoire ? Sans transformer l’analyse en manuel, on peut retenir une grammaire minimale qui traverse les textes de référence : ne pas réduire l’estime à des trophées, ni la confiance à des injonctions ; nommer les contextes qui soutiennent (ou sapent) l’une et l’autre ; désentrelacer l’être et le faire ; accepter que la consolidation de l’estime prenne du temps quand la confiance, elle, se travaille au ras du terrain, par actes circonscrits. Cette sobriété rejoint une tradition française du soin et de l’éducation : clarifier, encadrer, encourager — puis laisser exister.


Repères (à retenir, sans recettes)

  • Estime de soi : jugement global sur sa valeur, plus stable ; elle autorise l’essai. Confiance en soi : croyance située dans sa capacité à agir ; elle s’essaie et se consolide.
  • École et universités : montée d’ateliers dédiés à la confiance et aux émotions depuis 2024–2025 ; enjeu public au-delà du développement personnel.
  • Santé : discours croisés sur image de soi, charge émotionnelle et environnement numérique ; les plateformes de télésanté l’intègrent désormais dans leurs contenus.

Au fond, parler d’estime et de confiance revient peut-être à dire ceci : tenir à soi sans s’idolâtrer, se risquer sans s’aveugler. Dans des temps saturés d’épreuves rapides et de comparaisons permanentes, ce classicisme n’a rien d’un slogan ; il ressemble à un art de persévérer.

Les catégories

Les derniers articles

Les articles de la catégorie

Le management n’est pas compliqué… mais il est devenu complexe.

Ensemble, transformons cette complexité en compétences concrètes.

des questions ?

Vous souhaitez en savoir plus sur notre approche ou construire un dispositif adapté à vos managers ?

Écrivez-nous ou appelez-nous : nous serons heureux d’échanger avec vous et d’explorer ensemble les solutions possibles.

© 2018 – 2025 managerpacte I Tout droit réservé I Mentions légales I Politique de confidentialité